31/12/2011 Texte

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L'Iran se dit prêt à renouer le dialogue sur le nucléaire

Par Parisa Hafezi TEHERAN (Reuters) -

L'Iran serait prêt à reprendre les discussions avec les grandes puissances sur son programme nucléaire mais a poursuivi samedi ses manoeuvres navales dans le Golfe, qui prévoient des tests de missiles à longue portée dans les prochains jours. Plusieurs agences de presse iraniennes avaient annoncé dans la matinée des tirs de missiles dans le cadre des exercices menés depuis une semaine dans les eaux du Golfe mais le numéro deux de la marine iranienne, l'amiral Mahmoud Moussavi, a démenti ces informations. "L'exercice de tir de missiles aura lieu dans les jours qui viennent", a-t-il précisé à la chaîne de télévision anglophone Press TV.

Ces manoeuvres non loin du détroit d'Ormuz, que Téhéran a menacé de bloquer en cas de sanctions contre les exportations iraniennes d'hydrocarbures, font figure de démonstration de force sur fond de tensions liées au programme nucléaire de Téhéran. Selon l'agence de presse Mehr, Saeed Jalili, diplomate iranien chargé des négociations internationales sur le sujet, va adresser une lettre à la haute représentante de l'Union européenne pour la politique extérieure, Catherine Ashton, pour l'informer qu'il est prêt à reprendre ses discussions avec les grandes puissances. "Jalili va prochainement adresser une lettre à Catherine Ashton au sujet du format des négociations (...) puis de nouvelles discussions auront lieu avec les grandes puissances", indique l'agence, citant l'ambassadeur d'Iran en Allemagne, Alireza Sheikh Attar.

L'Union européenne, pour sa part, s'est dite prête à reprendre les discussions en vue de rétablir la confiance si Téhéran ne fixe pas de conditions. "Nous poursuivons sur la voie de notre double approche et sommes ouverts à des discussions significatives sur des mesures de restauration de la confiance, sans conditions préalables de la part de l'Iran", a déclaré Michael Mann, porte-parole de l'UE pour les affaires extérieures, dans un courrier électronique envoyé à Reuters. Catherine Ashton a elle-même écrit à Jalili en novembre, a-t-il rappelé, mais aucune réponse ne lui est parvenue. "MANOEUVRE DE DIVERSION" Pour Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes à Paris, les Iraniens "cherchent à gagner du temps, à essayer de diviser le camp occidental et à donner des arguments aux avocats de l'Iran comme la Russie et la Chine". "Tout ça, c'est de la manouvre de diversion", a-t-il ajouté. L'armée iranienne a entamé samedi dernier des manoeuvres navales prévues sur dix jours. Le tir des missiles à longue portée, qui seraient capables de frapper Israël ou les bases américaines dans la région, constitue la dernière phase de ces exercices, avait déclaré vendredi l'amiral Moussavi. "Cette phase finale vise à préparer la marine à affronter l'ennemi dans une situation de guerre", avait-il ajouté. L'armée de la République islamique possède des missiles Shahab-3 d'une portée de 1.000 km, Ghadr-1 (1.600 km) et Sajjil-2 (2.400 km). La crise liée au programme nucléaire iranien s'est aggravée depuis la publication, le 8 novembre, du dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) selon lequel la République islamique aurait bien cherché à se doter de l'arme atomique et pourrait continuer à le faire, malgré ses démentis. Les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, qui réunissent les membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie et Chine) et l'Allemagne, se sont achevés en janvier sur un constat d'échec.

Depuis la publication du dernier rapport de l'AIEA, l'UE envisage un embargo sur les exportations de pétrole iraniennes, d'ores et déjà en vigueur aux Etats-Unis. L'idée qu'une telle mesure pourrait avoir d'importantes répercussions économiques pour l'UE sans affecter outre mesure la République islamique se répand toutefois à Bruxelles, rapportent diplomates et négociants. Dans un entretien accordé au magazine Aseman, le ministre iranien du Pétrole Rostam Qasemi affirme que le baril de brut dépassera les 200 dollars en cas d'embargo.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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