15/04/2024 Texte

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Pourquoi les pays arabes appellent à la « retenue »

Une voix qui appelle à « épargner à la région (…) les dangers de guerre ». Un autre qui affirme être « en contact direct avec toutes les parties au conflit pour tenter de contenir la situation ». Ces réactions à l’attaque iranienne lancée contre Israël ce week-end ne viennent pas des grands médiateurs internationaux, ni des alliés historiques de Tel-Aviv. Le premier est signé par le ministère saoudien des Affaires étrangères ; le second, de son homologue égyptien.

Ce dimanche, les grands États arabes ont porté à l’unisson un message de tempérance. Cette position semble à première vue loin d’une opinion de solidarité avec Gaza et les populations palestiniennes. “L’ennemi de mon ennemi est mon ami. On sait depuis longtemps que les monarchies du Golfe, la Jordanie et l’Egypte sont les alliés d’Israël contre l’Iran”, a commenté sur X (ex-Twitter) l’ancien diplomate Gérard Araud, ambassadeur à Tel-Aviv dans les années 2000.

La Jordanie, pays voisin d’Israël, a intercepté dans la nuit des drones iraniens se dirigeant vers Jérusalem. Le pays avait fermé son espace aérien en prévision de l’attaque, comme l’Irak et le Liban. La monarchie hachémite reproche à Téhéran les tentatives de déstabilisation dont elle est victime depuis plusieurs mois. Les milices pro-iraniennes cherchent notamment à ouvrir un front à sa frontière avec Israël.

« Au fond, la Jordanie n’apprécie pas du tout l’attitude des colons messianiques en Cisjordanie. Netanyahu n’est pas un allié. Mais le plus nuisible à ses yeux, c’est l’Iran et tous ses mandataires (agent)», analyse Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes et partenaire de Forward Global. Il n’est pas non plus question de voir la colère anti-israélienne se transformer en une quelconque révolte populaire. L’ombre de nouveaux printemps arabes se profile. Ces derniers mois, les autorités ont arrêté près de 1 500 personnes pour avoir manifesté devant l’ambassade d’Israël à Amman, selon Amnesty International.

Depuis les massacres commis par les islamistes du Hamas le 7 octobre, « l’Arabie saoudite s’est montrée particulièrement soucieuse de pacifier ses relations avec ses voisins et de se sortir d’une guerre d’usure régionale », poursuit Antoine Basbous. Quant à l’Egypte, en difficulté économique, elle n’aurait d’autre choix que d’espérer un retour au calme au plus vite. « D’autant qu’Israël pourrait chasser les Palestiniens en les repoussant sur son sol, dans le Sinaï », souligne le politologue. Ce dimanche, le gouvernement égyptien a mis en garde contre le « risque d’extension régionale du conflit ».

NewsdayFR

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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