05/01/2008 Texte

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Antoine Basbous Directeur de l'Observatoire du monde arabe

Qui étaient les terroristes qui s'en sont pris aux touristes français en Mauritanie ?

C'est la QJMI, Qaidat al-Jihad Fil Maghreb al-Islami (al-Qaida au Maghreb islamique), l'organisation qui a pris la relève du GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) et qui est solidement implantée dans le pays. Son but est de s'y développer et de justifier son appellation en rayonnant sur le Maghreb et le Sahel. Les attentats d'Aleg et d'el-Ghallaouiya s'inscrivent dans ce cadre.

Les menaces étaient-elles suffisamment graves pour justifier l'annulation du rallye ?

Faire une boucle pendant plus d'une semaine en Mauritanie, c'était incontrôlable. D'autant plus sous la protection d'une armée faible. La menace s'est exprimée, à trois jours d'intervalle, par des attaques qui, malheureusement, ont réussi à deux reprises. La première était dirigée contre des touristes français. Ce n'étaient pas des militaires, pas des gens qui représentent un État qu'on combat. Nous aurons dans quelques semaines ou quelques mois plus d'informations. Il n'est pas dit que nous disposions à l'heure actuelle de toutes celles collectées par les services de renseignements.

Le ministre des Affaires étrangères a dû les transmettre aux organisateurs pour les décider ?

Il n'est pas sûr que les organisateurs sachent exactement la nature des menaces, mais on leur a sans doute fait comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie.

Ces terroristes sont-ils en mesure de faire plier qui ils veulent, où ils veulent ?

En Mauritanie, cette mouvance est ultraminoritaire. L'islam y est de type « confrérique », pacifique et peu politisé. Il suffit cependant de quelques individus belliqueux pour commettre des massacres contre des civils.

Les terroristes n'étaient pas mauritaniens ?

Dans l'attentat d'Aleg, on visait clairement les Blancs. Pour celui de la caserne d'el-Ghallaouiya, c'est plus proche de la frontière avec l'Algérie. Et, dans les deux cas, leur inspiration est djihadiste internationaliste.

Est-ce une menace contre les touristes dans ces pays ?

La Mauritanie a besoin de devises, donc de touristes. Mais les risques sont de plus en plus forts. Pour les autres pays du Maghreb, ils ont pris des dispositions pour assurer la sécurité des touristes.

Vous avez parlé du Maghreb. Le terrorisme va-t-il s'y développer ?

Il y a eu des attaques meurtrières au Maroc en mai 2003, puis des attentats manqués en avril 2007. La Tunisie, en janvier 2007, a connu une agitation terroriste. Les intentions sont là, et la QJMI en a l'intention et les moyens. C'est une affaire d'organisation et d'acquisition du savoir-faire, pas de vocation. Son potentiel est au maximum en Algérie, mais son but est bien de se développer partout ailleurs dans le Maghreb.

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Numéro de document : news·20080105·SO·050108aP1522809

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