10/06/2008 Texte

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La visite à Paris d'un ministre syrien illustre l'embellie avec Damas

PARIS (AFP) — Le ministre syrien de la Culture, Riad Naassane-Agha, était mardi à Paris pour la première visite officielle en France d'un membre du gouvernement syrien depuis trois ans, illustration de l'embellie entre les deux pays depuis l'élection d'un président au Liban.

En annonçant cette visite, le ministère français des Affaires étrangères a fait valoir qu'elle s'inscrivait "dans le cadre d'une nouvelle page que nous espérons voir s'ouvrir et s'écrire dans les relations entre la France et la Syrie dans la mesure où les évolutions positives récentes vont se poursuivre".

M. Naassane-Agha a souligné que sa visite visait "à tourner la page" dans les relations entre les deux pays, et s'est félicité d'un "climat de compréhension" à l'issue d'une rencontre avec son homologue française Christine Albanel.

Les deux responsables ont notamment discuté de "la perspective du sommet de l'Union de la Méditerranée qui aura lieu le 13 juillet à Paris", selon un communiqué du ministère français de la Culture.

"Une nouvelle page est peut-être en train de s'ouvrir dans les relations entre la France et la Syrie", avait déjà déclaré, trois jours plus tôt, le président Nicolas Sarkozy, lors d'une visite à Beyrouth pour rencontrer le nouveau président libanais Michel Sleimane.

La venue à Paris de Riad Naassane-Agha peut être considérée comme "un gage syrien après l'annonce de Sarkozy" de sa volonté de normaliser les relations, explique Antoine Basbous, de l'Observatoire des pays arabes (OPA).

"Les Syriens attrapent la balle au bond, ravis de cette ouverture", dit-il.

L'élection d'un président au Liban le mois dernier, longtemps bloquée par les alliés de Damas, a été l'élément déclencheur de la reprise du dialogue entre la France et la Syrie.

Mais Paris, échaudé par l'expérience, demeure prudent et insiste sur la nécessité d'une poursuite des "évolutions positives" de Damas.

Une prudence qui explique sans doute que le premier membre du gouvernement syrien à être accueilli à Paris soit le ministre de la Culture et non celui des Affaires étrangères, Walid Mouallem.

"Il faut commencer par quelque chose qui ne fasse pas beaucoup débat", souligne Antoine Basbous, selon lequel "accueillir le ministre des Affaires étrangères, c'est autre chose".

Pour M. Sarkozy, il s'agit aussi de convaincre le président syrien Bachar al-Assad d'assister au lancement le 13 juillet à Paris de l'Union pour la Méditerranée, une initiative qui lui est chère mais qui se heurte au scepticisme d'une partie du monde arabe.

La réponse de principe du président syrien à l'invitation de son homologue français "a semblé positive", a affirmé mardi le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, alors que le numéro un libyen Mouammar Kadhafi s'est déclaré contre le projet de l'Union pour la Méditerranée.

"Le souci principal de Sarkozy, c'est le rendez-vous du 13 juillet: il veut réussir son sommet", assure Antoine Basbous.

M. Sarkozy avait dans un premier temps rompu avec la ligne adoptée par son prédécesseur Jacques Chirac, qui avait suspendu les contacts de haut niveau avec la Syrie après l'assassinat de son ami Rafic Hariri en février 2005, auquel Damas est soupçonné d'être mêlé.

Après plusieurs semaines d'intenses efforts diplomatiques, Nicolas Sarkozy avait été contraint de reconnaître le blocage syrien sur le dossier libanais: il avait à son tour annoncé la suspension des contacts avec Bachar al-Assad jusqu'à l'élection d'un "président libanais de large consensus".

Fin mai, dès l'accord conclu à Doha sur une sortie de crise au Liban, il avait appelé Bachar al-Assad pour renouer le dialogue.

Les Etats-Unis ont accueilli pour leur part avec circonspection la volonté de la France de renouer avec Damas, prévenant qu'ils restaient "très préoccupés par le comportement du gouvernement syrien" et allaient en discuter avec Paris.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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