18/10/2010 Texte

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Report du sommet Israélo-égypto-palestinien à Paris

Déconvenues en série pour la diplomatie française au Proche-Orient

PARIS, 18 oct 2010 (AFP) - Des déceptions en série semblent affecter les efforts de paix de la diplomatie française au Proche-Orient, auxquelles contribuent le raidissement israélien, la prééminence du rôle américain et le manque de cohésion des Européens, relevaient lundi les experts du dossier. Dernier revers en date: le report d'une rencontre proposée le 21 octobre par Nicolas Sarkozy à Paris entre le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le président égyptien Hosni Moubarak et le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu. Elle était censée préparer un sommet de l'Union pour la Méditerranée (UpM) annoncé fin novembre à Barcelone. Alors que l'Elysée laissait planer des doutes sur ce sommet à Paris, le bureau du Premier ministre israélien a annoncé samedi son report. Le Quai d'Orsay a assuré lundi qu'"aucune date n'avait été définitivement arrêtée" et que Paris s'efforçait toujours d'organiser cette rencontre, à laquelle devrait être conviée la secrétaire d'Etat Hillary Clinton. La semaine dernière, la visite au Proche-Orient des chefs de la diplomatie française et espagnole, Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos, deux vieux routiers de la région, s'était heurtée à l'intransigeance des parties l'une envers l'autre. Alors que les deux ministres étaient venus "donner l'exemple" de la réconciliation en Europe, leur homologue israélien, le nationaliste Avigdor Lieberman leur avait conseillé de régler les problèmes européens avant de "venir ici nous dire comment régler nos conflits". Face à la suspension des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens quelques semaines après leur relance par l'administration Obama, Nicolas Sarkozy avait constaté l'échec de la "méthode" américaine et préconisé un "mécanisme d'accompagnement". La France juge que ses bons contacts avec la plupart des parties, également en Syrie et au Liban voisins, et son impulsion en vue de préparer une nouvelle conférence des donateurs (après celle de 2007) pour la construction d'un Etat palestinien, lui confèrent des atouts. En dépit de ces ambitions, les Français et les Européens n'ont guère engrangé dans le passé de succès diplomatiques sur le front palestino-israélien, principalement en raison de la méfiance d'Israël qui s'appuie sur Washington, remarquent cependant divers experts. Depuis l'été, Paris exprime son exaspération que l'Europe ne soit pas mieux associée par les Américains à leurs efforts. Pour Antoine Basbous, de l'Observatoire des pays arabes, la façon dont Israël a annoncé le report est "indécente". "On ne peut exclure, selon lui, que ce soit une gifle volontaire", alors que "la France n'a pas démérité vis à vis d'Israël". Quant à la "répartition des rôles" qui fait de l'Europe le "caissier inconditionnel" des Palestiniens, c'est un handicap: "l'Europe et la France sont là pour payer les fins de mois des Palestiniens, pour éviter la grogne et la famine, pour que l'Amérique conduise la stratégie", a-t-il raillé. Ce positionnement de l'Europe "arrange Palestiniens et Israéliens", estime-t-il. Les Palestiniens ne savent pas "dans quelle direction elle tirerait" si l'Europe jouait un rôle actif, argumente-t-il. Selon Didier Billion, rédacteur en chef de la Revue internationale et stratégique, la "palette de positions" des Européens ne leur permet pas de s'imposer. Nicolas Sarkozy "s'était bercé d'illusions" en 2007, dit-il. "En espérant que sa proximité avec les Israéliens allait permettre de les influencer, il a fait totalement choux blanc". Outre le fait que Nicolas Sarkozy, en appuyant en 2007 la ligne de George W. Bush, "s'est trouvé à contre-pied avec Obama", "comment voulez-vous que la France influence les Israéliens si la puissance américaine n'y arrive pas?", a-t-il observé.

OBSERVATOIRE DES PAYS ARABES
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